Avoir trente ans aujourd'hui, cela veut dire être encore très jeune. Cela veut aussi dire être en mesure de se brancher, un peu quand même. Je fais quoi de ma vie. Je fais quoi dans la vie. Aujourd'hui, les trentenaires ont compris qu'il faut mieux réussir sa vie que réussir dans la vie. Et puis ça veut dire quoi réussir dans la vie?
À trente ans, on se pose sûrement les questions les plus importantes de notre existence. Est-ce que je veux des enfants ? Est-ce que j'ai goûté à assez d'expériences pour me faire une tête? Propriétaire ou locataire? Marié ou «accoté»? Autonome ou carriériste? Séparatiste ou fédéraliste? Catho ou athée? Pour ou contre la charte? Avoir trente ans aujourd'hui c'est… c'est un peu rushant peut-être?
Commentaires de "mononcle", j'en conviens en me relisant. C'était comme cela dans mon temps aussi. J'avais les mêmes questionnements, les mêmes préoccupations, les mêmes angoisses, les mêmes rêves. J'ai passé les années quatre-vingt, comme plusieurs de ma génération, poussé par le désir de changer les choses. Être différent, être moi-même. Ne pas faire la même vie que mes parents. Désir très légitime j'en conviens. Plus ça change, plus c'est pareil me direz-vous? Oui et non! Noui, dirais-je.
Parce que la vie étant ce qu'elle est, elle nous réserve plein de surprises, la coquine. On embarque sur l'autoroute de la trentaine, assis sur le bout du siège, on prend de plus en plus de vitesse, les deux mains sur le volant, on ne regarde pas beaucoup dans le rétroviseur. Droit devant! La route est large et les sorties de routes nombreuses. La vie nous appartient. Est-ce qu'on était plus sérieux à l'époque? Je ne crois pas.
À trente ans, je voulais aussi refaire le monde. J'étais trop vieux pour me faire vivre et trop jeune pour me prendre au sérieux. J'avais des amis formidables, j'ai encore les mêmes aujourd'hui, on s'accroche à ces petites bêtes-là. Mes amis, c'était ma famille, mon oxygène, mes repères, mon avenir. Je trouvais mon père dépassé et ma mère «contrôlante».
Pour moi, j'avais raison. À trente ans, on aime ça avoir raison. C'est normal, c'est comme ça. Les mains dans les couches, les pieds dans la carrière naissante, la tête dans les voyages, le sport et les chums. Et le cœur ? Et bien le cœur, il est partout. On a du cœur à trente ans. J'ai deux fois trente ans et je les trouve très courageux ces jeunes. Ils sont épanouis et travaillent fort à se faire une place au soleil.
Dans ce monde un peu fou, ils sont les dirigeants de demain, j'ai envie de leur faire confiance. Ils font les choses différemment, comme nous le faisions à l'époque. Ils sont ouverts et ont l'esprit universel. Le pouce sur l'iPhone, ils communiquent à leur façon avec de nouveaux outils qui nous semblent inquiétants en effet, mais tellement rapides et efficaces.
Je les aime moi les trentenaires, ils me fascinent et me donnent envie de vieillir. Un demain plus vert, des valeurs plus écologiques et le désir de tendre la main aux autres cultures sans préjugés, voilà bien un avenir rassurant pour un papi d'une autre époque.




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